La boxe a perdu en 2016 le plus grand athlète de son histoire, Muhammad Ali, un athlète qui a transcendé son sport et son époque, en plus d'être témoin du dernier combat de la prolifique carrière de Bernard Hopkins, qui n'a sûrement pas quitté le métier de la façon dont il l'avait souhaitée.
Mohamed Ali, multiple champion du monde des poids lourds, figure de l’opposition à la guerre du Vietnam et de la bataille pour la reconnaissance de l’égalité des droits des Noirs américains, a été élu par la BBC : personnalité sportive du XXe siècle.
Né en 1942, Cassius Marcellus Clay Jr a commencé sa carrière en tant que boxeur amateur, remportant les National Golden Gloves en catégorie mi-lourds en 1959, puis la médaille d’or aux Jeux olympiques de Rome dans la même catégorie en 1960. Passé professionnel, il fait ses armes à Louisville, puis à New York et Los Angeles jusqu’en 1964. Redoutable combattant, il obtient le droit de combattre Sonny Liston, champion du monde des poids lourds, en 1965.À la surprise générale, il le domine aisément lors de deux combats successifs et conserve son titre jusqu’en 1967.
En 1965, il se convertit à l’islam et rejoint la Nation of Islam, ce qui lui vaudra quelques inimitiés, de même que sa proximité avec Malcolm X. En 1967, il refuse de se rendre au Vietnam pour aller y combattre les Viêt-Côngs et est condamné le 20 juin à une lourde peine, qui comprend la perte de sa licence de boxe. Il ne la récupèrera qu’en 1970 et sera acquitté par la Cour suprême en 1971.
Son retour est marqué par une défaite contre Joe Frazier, qui conserve le titre mondial et une autre défaite contre Ken Norton. Entre l’automne 1973 et l’automne 1974, il vaincKen Norton, Joe Frazier,puis l’invincible George Foreman, dans The Rumble in the jungle, à Kinshasa, considéré comme l’un des plus grands combats de tous les temps. Sa rivalité avec Frazier atteint son paroxysme à Manille, l’année suivante, mais Mohammed Ali, à présent rallié à l’islam sunnite, conserve son titre jusqu’en 1979, malgré une courte parenthèse où il le céda à Leon Spinks en 1976.
Atteint de la maladie de Parkinson dès 1984, Mohammed Ali renouera avec Frazier à la fin des années 80 et sa notoriété mondiale lui valut un rôle de négociateur auprès de Saddam Hussein lors de la première guerre du Golfe. Il a participé aux cérémonies d’ouverture des Jeux olympiques d’Atlanta en 1996 et Londres en 2012. Sa fille, Laila Ali, a également embrassé une carrière de boxeuse. En 2001, le grand réalisateur Michael Mann (Le Dernier des Mohicans, Heat, Collateral) lui consacre le biopic Ali, avec Will Smith dans le rôle-titre.
Le 3 juin 2016, Mohamed Ali décède à Phoenix, à l'âge de 74 ans.
Mohamed Ali a vécu une vie fascinante, remplie d'anecdotes savoureuses.
1. Cassius Clay, son «nom d'esclave»
En 1964, Cassius Clay annonce sa conversion à l'islam et abandonne son «nom d'esclave» pour celui de Mohamed Ali. Paradoxe : le nom de Clay lui est issu d'un fervent abolitionniste américain du 19e siècle.
2. Ali était d'origine irlandaise
Plus surprenant encore pour un homme qui a parfois tenu des discours prônant la séparation des races (à l'époque de son engagement pour le mouvement Nation de l'islam) : l'arrière-grand-père d'Ali, Abe Grady, était un Irlandais installé dans le Kentucky dans les années 1860. Après avoir épousé une esclave libre, il donne naissance à John Grady, lui-même père d'Odessa Lee Grady Clay, la mère de Mohamed Ali. En 2009, l'ancien champion du monde s'était d'ailleurs rendu à Ennis, une petite ville de l'ouest de l'Irlande, pour rencontrer les membres de sa famille lointaine.
Mohamed Ali, «The Greatest», est mort
3. Première «victime» : sa mère
«La première personne que j'ai mis KO, c'est ma mère», disait-il. A l'âge de 2 ans, le premier crochet d'Ali coûtera deux dents à sa mère, Odessa Clay.
4. Une idole nommée Sugar
En 1960, alors qu'il n'a que 18 ans, le jeune Cassius Clay fait du tapage devant le restaurant de Sugar Ray Robinson, dans le quartier d'Harlem à New York. «Tu es le roi, mon maître, mon idole ! Quand j'aurai gagné la médaille d'or aux Jeux, je veux que tu sois mon manager.» Robinson lui intime l'ordre de déguerpir. «A ce moment, je me suis juré de ne jamais repousser un fan», dira plus tard Ali.
Ses cinq plus grands combats
5. Ali n'a jamais jeté sa médaille olympique dans la rivière Ohio
C'est une des nombreuses légendes qui persistent : à son retour des Jeux Olympiques de Rome (1960), Ali se serait vu refuser le service dans un restaurant de Louisville et, de rage, aurait jeté sa médaille dans la rivière. Pure invention. Ali avouera plus tard l'avoir simplement égarée. Une réplique de sa médaille lui est offerte en 1996, lorsqu'il allume la flamme olympique aux JO d'Atlanta.
Le 30 octobre 1974, à Kinchasa, Mohamed Ali bat George Foreman et redevient champion à 32 ans. (L'Equipe)
Le 30 octobre 1974, à Kinchasa, Mohamed Ali bat George Foreman et redevient champion à 32 ans. (L'Equipe)
6. Ali était un mauvais élève
L'anecdote est rapportée par William Klein, réalisateur de Muhammad Ali, the Greatest (1969), dans L'Equipe du 17 janvier 2012. «Après sa victoire contre Liston, en 1965, je me suis retrouvé avec Ali dans son motel. Un Mexicain lui a demandé un autographe et lui a dit qu'il avait beaucoup d'amis au Mexique. Ali a répondu : ''Mexico ? Ah oui, tant mieux. Comment écrivez-vous Mexico ? Je ne suis pas allé à l'école longtemps.'' C'était ça Ali. Malin comme un singe, mais sans grande culture.»
7. Boxeur, danseur mais aussi chanteur
Au-delà de ses dons d'orateur, Ali avait un autre talent, plus méconnu. En 1964, peu avant son Championnat du monde contre Sonny Liston, celui qui se nomme encore Cassius Clay sort un album, sobrement intitulé I am the greatest, mélange d'auto-adulation musicale et d'interprétations de grands classiques. Après la conversion d'Ali à l'Islam, Columbia records s'empressera de retirer l'album des ventes.
8. Ali a sauvé un homme du suicide
Los Angeles, 1981. Un jeune homme de 21 ans se tient debout sur le bord de la fenêtre du 9e étage d'un building, menaçant de mettre fin à ses jours. La situation paraît sans issue : policiers et psychologues ont tenté en vain de l'en dissuader. Mohamed Ali, qui arrive par hasard sur les lieux, se porte volontaire pour lui parler. «Je suis ton frère, je veux t'aider», lui crie l'ancien champion du monde de la fenêtre la plus proche. Vingt minutes tendues s'écoulent au bout desquelles l'homme renonce finalement à son geste funeste. «Sauver une vie est plus important pour moi que n'importe quelle ceinture», dira Ali.
9. Son rapport à la maladie
En 1984, après une semaine d'examens dans un hôpital new-yorkais, Ali apprend qu'il souffre de la maladie de Parkinson. «C'est un jugement de Dieu. Il m'a donné cette maladie pour me rappeler que je ne suis pas le numéro 1. C'est lui.»
10. Une étoile pas comme les autres
En 2002, Mohamed Ali obtient son étoile à Hollywood, mais pas sur le fameux Walk of Fame. A sa demande, la sienne est incrustée dans le mur du Kodak Theater, où se déroule la cérémonie des Oscars. Ali ne souhaitait pas que son nom soit piétiné.
Mohammade Ali
Mohammade Ali et sa fille Laila Ali
La légende Mohammade Ali